San-Antonio revient (même s'il n'a jamais été loin).
Dix ans après sa mort, Frédéric Dard est à nouveau au coeur de l'actualité livresque : parution des deux premiers volumes de l'intégrale San-Antonio dans la collection Bouquins, rééditions diverses (La Pelouse ou encore Le Monte-charge au Fleuve Noir), nouvelles biographies annoncées (dont celle écrite par sa fille Joséphine Dard, intitulée sans surprise Frédéric Dard, mon père, San-Antonio chez Michel Lafon), influences, héritages et filiations revendiquées (à commencer par Ca sent le sapin, le dernier volume en date des nouvelles aventures de San-Antonio, écrit par le fils de Frédéric Dard, Patrice Dard), études et essais divers (dont San-Antonio et son double de Dominique Jeannerod, au PUF).
A la Bibliothèque Steeman, nous nous sommes replongés dans nos rayonnages, au risque de trébucher sur des rimbambelles de dangereuses contrepèteries, des cortèges d'abrasifs calembours, ou des kyrielles d'anagrammes potaches, pour remettre en lumière de grosses poignées d'ouvrages pas piqués des hannetons. Quelques romans dont les titres constituent d'irrésistibles appeaux (Certaines l'aiment chauve, A prendre ou à lécher, Une gueule comme la mienne, Initiation au Meurtre, Quelqu'un marchait sur ma tombe... ) mais aussi des essais, sur le personnage du commissaire San-Antonio, sur la fascination de Dard pour le genre romanesque (le bien senti Faut pas pisser sur les vieilles recettes de Françoise Rullier-Theuret, paru en 2008), ou encore sur l'importance de sa bibliographie.
L'occasion de se rappeler que Dard fut très influencé par le roman noir anglo-saxon (Peter Cheyney surtout), qu'il se lia à Geroges Simenon, comme en témoigne la préface de Au massacre mondain, et qu'il mutliplia les pseudonymes (plus d'une cinquantaine en comptant les moins suspicieuses) au point qu'il apparait aujourd'hui difficile de pratiquer le cadastre exact de son oeuvre. Un monument de la litttérature populaire (288 romans au bas mot, 250 millions de livres vendus) que nous vous invitons à redécouvrir.
Enfin, pour mesurer aussi toute la télégénie du personnage, la TSR Archives permet de consulter en ligne une charmante émission datant de 1967, consacrée à un Frédéric Dard très en verve, qui nous dévoile que l'oeuvre du grand potache, c'est pas de la soupe.
Dans son inénarrable roman agricole (!), Céréales Killer, Dard met en exergue une citation de San-Antonio: "Je suis sans nouvelles de moi".
Heureusement, nous ne sommes pas sans nouvelles de lui.
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