Centre d'étude et de documentation

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Centre de recherche, de formation, de conservation et de documentation de la Communauté française


lundi 31 mai 2010

Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles


" Un bâtiment gris et trapu de trente-quatre étages seulement. Au-dessus de l'entrée principale, les mots : CENTRE D'INCUBATION ET DE CONDITIONNEMENT DE LONDRES-CENTRAL, et, dans un écusson, la devise de l'Etat mondial : Communauté, Identité, Stabilité.
L'énorme pièce du rez-de-chaussée était exposée au nord. En dépit de l'été qui régnait au-delà des vitres, en dépit de toute la chaleur tropicale de la pièce elle-même, ce n'étaient que maigres rayons d'une lumière crue et froide qui se déversaient par les fenêtres. Les blouses des travailleurs étaient blanches, leurs mains, gantées de caoutchouc pâle, de teinte cadavérique. La lumière était gelée, morte, fantomatique. Ce n'est qu'aux cylindres jaunes des microscopes qu'elle empruntait un peu de substance riche et vivante, étendue le long des tubes comme du beurre.
- Et ceci, dit le Directeur, ouvrant la porte, c'est la salle de Fécondation."


Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes (Brave New World, 1932), traduction de Jules Castier, Paris, Plon, Presses Pocket, 1977.

mardi 25 mai 2010

Steampunk !



Les punks à vapeur sont partout! Illustrations, bandes dessinées, cinéma, séries télévisées, jeux vidéo, attractions foraines,  mode vestimentaire et, bien sûr, avant tout et surtout, littérature..Ce mouvement de la science-fiction uchronique, assez récent à vrai dire, situe ses récits et ses images dans l'atmosphère fantasmée du XIXe siècle en multipliant les allusions, fictives ou empreintes de véracité historique, à la révolution industrielle, à l'époque victorienne ou à la Belle Epoque. Robots gigantesques, créatures maléfiques, cybercriminalité, machines temporelles, détectives supra-normaux et magiciens en haut de forme complètent cet imaginaire foisonnant qui détourne tant les romans de Jules Vernes  et de H.G. Wells que les aventures de Sherlock Holmes.
A l'occasion de la parution de l'essai ludique et richement illustré d'Etienne Bariller (Steampunk, l'esthétique rétro-futur, Les Moutons électriques / La Bibliothèque des miroirs, mars 2010), le Centre Steeman vous propose de découvrir quelques "classiques" de ce qui apparaît de plus en plus comme un sous-genre auto-constitué:  Les voies d'Anubis de Tim Powers (1983), La Machine à explorer l'espace de Christopher Priest (1976), Machines infernales de K.W. Jeter(1987), Homunculus de James Blaylock (1986) ou, du côté des "graphic novels", La Ligue des Gentlemen Extraordinaires d'Alan Moore et Kevin O'Neill (publié à partir de 1999). 

"Love the Machine, hate the Factory", comme le clame haut et fort la devise de Steampunk Magazine, la revue de la communauté Steampunk!

lundi 17 mai 2010

On est jamais trop prudent !


" Attention à ceux que vous croisez dans la rue, à ceux à qui vous parlez dans les cafés ou à ceux qui vous demandent tout simplement du feu, un renseignement ou qui s'arrangent pour vous harponner. Ce sont des vampires modernes d'une rare puissance qui ont besoin de votre sang pour être des robots pensants ! "

Kallum, Espionnage et robot-femelle (les enquêtes  du Colonel John Kallum).


F.-P. Belinda, Robot femelle, Lyon, Ed. Jacquier, 1959. 

mardi 11 mai 2010

Certain(e)s l'aiment chauve


San-Antonio revient (même s'il n'a jamais été loin).
Dix ans après sa mort, Frédéric Dard est à nouveau au coeur de l'actualité livresque : parution des deux premiers volumes de l'intégrale San-Antonio dans la collection Bouquins, rééditions diverses (La Pelouse ou encore Le Monte-charge au Fleuve Noir), nouvelles biographies annoncées (dont celle écrite par sa fille Joséphine Dard,  intitulée sans surprise Frédéric Dard, mon père, San-Antonio chez Michel Lafon), influences, héritages et filiations revendiquées (à commencer par Ca sent le sapin, le dernier volume en date des nouvelles aventures de San-Antonio, écrit par le fils de Frédéric Dard, Patrice Dard), études et essais divers (dont  San-Antonio et son double de Dominique Jeannerod, au PUF). 

A la Bibliothèque Steeman, nous nous sommes replongés dans nos rayonnages, au risque de trébucher sur des rimbambelles de dangereuses contrepèteries, des cortèges d'abrasifs calembours, ou des kyrielles d'anagrammes potaches, pour remettre en lumière de grosses poignées d'ouvrages pas piqués des hannetons. Quelques romans dont les titres constituent d'irrésistibles appeaux (Certaines l'aiment chauve, A prendre ou à lécher, Une gueule comme la mienne, Initiation au Meurtre, Quelqu'un marchait sur ma tombe... ) mais aussi des essais, sur le personnage du commissaire San-Antonio, sur la fascination de Dard pour le genre romanesque (le bien senti Faut pas pisser sur les vieilles recettes de Françoise Rullier-Theuret, paru en 2008), ou encore sur l'importance de sa bibliographie.

L'occasion de se rappeler que Dard fut très influencé par le roman noir anglo-saxon  (Peter Cheyney surtout), qu'il se lia à Geroges Simenon, comme en témoigne la préface de Au massacre mondain, et qu'il mutliplia les pseudonymes (plus d'une cinquantaine en comptant les moins suspicieuses) au point qu'il apparait aujourd'hui difficile de pratiquer le cadastre exact de son oeuvre. Un monument de la litttérature populaire (288 romans au bas mot,  250 millions de livres vendus) que nous vous invitons à redécouvrir.   

Enfin, pour mesurer aussi toute la télégénie du personnage, la TSR Archives permet de consulter en ligne une charmante émission datant de 1967, consacrée à un Frédéric Dard très en verve, qui nous dévoile que l'oeuvre du grand potache, c'est pas de la soupe.


Dans son inénarrable roman agricole (!), Céréales Killer, Dard met en exergue une citation de San-Antonio: "Je suis sans nouvelles de moi".

Heureusement, nous ne sommes pas sans nouvelles de lui. 

lundi 10 mai 2010

OSS. 117 à l'école



Chapitre 11

"Aux Etats-Unis, disait Hubert, on remplace très souvent la préposition by par at... Exemple: Are you frightened at Russkies, au lieu de : Are you frightened by Russkies...
Un élève, grand brun d'une trentaine d'années, leva le doigt:
- S'il vous plaît, que signifie Russkies ?
Hubert sourit.
- En argot américain, Russky signifie Russe. Un grand éclat de rire secoua l'amphithéâtre. Hubert regarda ses quatre-vingt-trois auditeurs s'esclaffer. Il allait continuer lorsque la sonnerie de fin de cours se déclencha. Il consulta sa montre: quatre heures. La sonnerie cessa. Hubert écarta les bras.
- Eh bien, messieurs, je vous remercie de votre attention. Nous reprendrons demain à la même heure... Bonsoir."

Jean Bruce, Oss. 117 à l'école,  Paris, Les Presses de la Cité, 1961.

Troc Steeman !



Fin juin, nous organiserons une journée "la Bibliothèque Steeman échange et donne". De nombreux livres sont possédés en plusieurs exemplaires; nous vous proposerons d'agrandir votre bibliothèque
personnelle. Nous vous tiendrons bientôt au courant des détails de cette opération, mais, d'ici là, préparez vos rayonnages!

mardi 4 mai 2010

Les deux rapts (roman populaire)


" La colonelle Lyon relut pour la seconde fois les lignes qu'elle venait de tracer, d'une écriture ferme et hautaine, sur un papier gravé :

Mon cher Comte,
Croyez que je me réjouis de tout mon coeur, avec mon fils, que Mlle Paulette ait dit le "oui" définitif, qui unira pour toujours votre famille à la nôtre. Le charme de votre fille, sa beauté, ses qualités et l'affection qu'elle porte à Georges me font présager pour nos deux enfants un avenir des plus heureux. Car, de son coté, mon fils est très amoureux de Paulette et je suis sûre qu'il s'emploiera à faire le bonheur matériel et moral de sa future femme.
Dès que vous le voudrez, nous pourrons arrêter la date de l'événement... Mon fils me prie d'intercéder auprès de vous afin que vous ne mettiez pas à trop rude épreuve son impatience. Veuillez croire, mon cher comte, à mes sentiments les plus cordiaux.

Alexandra Lyon. 

Après quoi, elle cacheta, d'un geste net de sa longue main aristocratique."

Claude Desvalliers, Les deux rapts, Paris, Arthème Fayard et Cie, Les Maîtres du roman populaire, 1933. 


 

A mourir de peur (ou de rire)


"Mourir de peur! Cette expression populaire a-t-elle un sens? L'homme peut-il éprouver une peur qui tue ou la faire subir à autrui ? Par quels mécanismes psychiques ou physiologiques ? Comment expliquer les cas de morts indirectes : par suggestion, par envoûtement, par prédiction, par sortilège ? Le livre de J.C.Barker, basé sur des faits véridiques, analysés et constatés médicalement, a le grand mérite de traiter d'un point de vue scientifique des questions insolites que la "Science" méprise trop volontiers... "

Quatrième de couverture de l'essai de J.C. Barker, La peur et la mort. Peut-on vraiment mourir de peur ? (Scared to Death, 1968), trad. de Claude Elsen, Verviers, Bibliothèque Marabout, Coll. "Univers secret", 1972.

lundi 3 mai 2010

La chevauchée dans le désert



" Par un beau soir de mai, un peu avant la tombée de la nuit, la bande de Bill Drake - quatorze gars aguerris, sans compter le vieux cuistot - s'arrêta à cinq ou six kilomètres de Tucson. Après avoir attaché leurs chevaux à des touffes de végétation, ils établirent leur campement dans une légère dépression de terrain autour d'un feu discret. Un homme fut posté en sentinelle. Tandis que le cuisinier s'affairait à préparer la tambouille au fond du chariot bâché, ses compagnons installèrent leurs couvertures près des flammes et s'accroupirent en cercle. Leurs visages burinés, barbus, gris de poussière, reflétaient la fatigue des longues chevauchées dans les plaines désertiques du Texas, du Nouveau-Mexique et de l'Arizona.
La plupart d'entre eux avaient la tête tournée dans la direction des faibles lumières qui scintillaient dans la ville. Trois semaines sur une piste caillouteuse sans une seule descente dans un saloon! "

Todhunter Ballard, La Chevauchée dans le désert (Superstiton Range, 1952), traduit par Florian Robinet, Paris, Librairie des Champs-Elysées, 1973. 

L'imagerie artistique de la Maison Quantin


Le conseil des musées de Poitou-Charentes vient de mettre en ligne un nouveau dossier, bref mais intéressant, sur la vocation artistique de l'imagerie Quentin (http://www.alienor.org/articles/quantin2/index.html).
A l'heure où la notion de "Graphic Novel" est aussi usitée que réinterrogée (voir, entre autres, les derniers ouvrages de Thierry Smolderen (Naissances de la bande dessinée) ou de Joseph Ghosn (Romans graphiques)), il est bon de se replonger dans ces planches dessinées combinant textes et images, ancêtres de la bande dessinée moderne, publiées par la Maison Quantin entre 1885 et 1905. Propriété du Musée de la Bande dessinée (Angoulême), un fonds important, classé par série, peut-être consulté à partir de l'adresse suivante : http://collections.citebd.org/quantin/liste.php