Centre d'étude et de documentation

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Centre de recherche, de formation, de conservation et de documentation de la Communauté française


samedi 12 juin 2010

Chaud-froid de volaille !


Chapitre 8

" - Vous avez probablement déjà reconnu le gouverneur ? dit une voix derrière moi.
- Oui, madame. Je pivotai vivement sur moi-même. Et vous êtes sans doute...
Mon larynx refusa de laisser passer la suite. Car le magnifique spécimen de féminité qui venait de pénétrer dans le salon ne devait pas avoir beaucoup plus de trente ans et portait avec aisance un deux-pièces du type "bain de soleil", jupe et boléro-bustier, qui mettait en valeur une chair appétissante, dorée juste à point. Ses yeux étaient légèrement plus clairs que ses cheveux, et ses cheveux avaient la noirceur du péché dans les contes de grand-maman.
- Mme Dalton Burnside, déclara-t-elle, complétant à ma place la phrase restée en suspens. Parfaitement consciente de ma surprise, elle traversa la pièce, s'assit sur le bord d'un large divan et m'en désigna l'autre extrémité. Je vous en prie, Mr. Cotten.
J'obéis. Nous avions, à portée de la main, une petite table chargée de carafes de cristal et d'un seau à glace en argent massif. Ma cliente arrangea calmement les plis de sa jupe.
- Vous excuserez cet accoutrement peu protocolaire, Mr. Cotten, mais j'étais là-haut, dans le solarium, quand on m'a annoncé votre présence.
- Ne vous inquiétez pas, madame Burnside. Vous seriez surprise d'apprendre dans quelles tenues il m'est arrivé d'être reçu, depuis que je fais ce métier.
L'un de ses sourcils s'éleva subtilement.
- Je vois, je vois... Elle ôta le couvercle du seau à glace. Vous vous alcoolisez, Mr. Cotten ? "


Sam Taylor, Chaud-froid de volaille (So Cold My Bed), trad. de Gilles-Maurice Dumoulin, Paris, Presses de la Cité,  1955.

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