Ce 20 août 2016, Howard Phillips Lovecraft fêterait ses 126 ans.
À cette occasion, la BiLA vous propose de (re)découvrir le style de cet auteur inimitable à travers deux courts extraits (et si l'envie vous prend de vous plonger dans son œuvre, aventurez-vous dans les rayons de la BiLA !) :
Nyarlathotep (1920 ; traduit par
Paule Pérez ©
Éditions Belfond)
Nyarlathotep... le chaos rampant... Je suis le dernier... Je parlerai au vide qui m'écoute...
Je ne me souviens pas clairement quand tout a commencé mais c'était il y a des mois. La tension générale était horrible. À une période de bouleversements politiques et sociaux vint s'ajouter la crainte, bizarre et obscure, d'un abominable danger physique, répandu partout, menaçant tout – comme on ne peut en imaginer que dans les plus atroces fantasmes nocturnes. Je me souviens que les gens marchaient, le visage blême et préoccupé, et chuchotaient des mises en garde et des prophéties que nul n'osait consciemment répéter, ou s'avouer à lui-même avoir entendues. Un monstrueux sentiment de culpabilité s'étendait sur tout le pays, et des abysses entre les étoiles soufflaient des vents glacés qui faisaient frissonner les hommes dans des lieux sombres et solitaires.
The descendant (1926 ; traduit par
Paule Pérez ©
Éditions Belfond)
J'écris couché sur ce que le docteur dit être mon lit de mort, et ma plus grande déception serait qu'il se soit trompé. Mon enterrement devrait avoir lieu la semaine prochaine...Il y a dans Londres un homme qui se met à hurler chaque fois que les cloches sonnent dans les églises. Cet homme vit seul, avec son chat au pelage rayé, à la pension Gray's Inn. Les gens l'appellent le fou pacifique. Sa chambre est pleine de livres enfantins, inoffensifs, qu'il feuillette des heures durant. Tout ce qu'il souhaite dans la vie, c'est de ne pas avoir à penser. Pour quelque motif singulier, la pensée lui est une chose insupportable, et il fuit comme la peste toute forme d'imagination. Maigre, gris et ridé, certains affirment cependant qu'il n'est pas aussi vieux qu'il en a l'air. En proie à une perpétuelle terreur, il tressaille au moindre bruit. Les yeux s'agrandissent alors démesurément et son front se couvre de sueur. Il n'a plus ni amis ni compagnons, ce qui lui évite de répondre aux questions. Des gens qui ont connu naguère cet homme érudit, cet esthète, disent que c'est une vraie pitié de le voir maintenant. Il les a peu à peu perdus de vue au cours des années, et aujourd'hui, personne ne pourrait dire s'il a quitté le pays ou s'il se cache de ses relations dans une retraite isolée. Installé depuis dix ans à Gray's Inn, il n'avait jamais évoqué son passé, jusqu'au soir où le jeune Williams acheta le Necronomicon.
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