Jean Darvois jeta un coup d'oeil furibond sur le tableau de bord pour constater qu'il était dix-neuf heures quinze, et il appuya un peu plus fort sur le démarreur.
La limousine fit un bond et Jean, les sourcils rapprochés, essaya d'imaginer le visage que devait avoir Carole, présentement seule au bar du "Pingouin" où elle l'attendait depuis un quart d'heure déjà.
Carole avait horreur d'attendre, mais les affaires étaient les affaires, et celle qui avait nécessité le déplacement personnel du grand patron de Darvois & Cie n'était pas de petite envergure.
Jean eut un sourire attendri pour évoquer Carole, sa fulgurante beauté, ce charme un peu sophistiqué qui la rendait si personnelle, si étrange, comme déroutante, et avisant les lumières que projetait sur la rue un petit café situé en bordure de la route Nationale, il pensa qu'il serait plus sage de prévenir Carole de son retard.
Il stoppa, fit claquer la portière, entra en coup de vent , commanda un Vittel fraise et demanda la communication pour Paris.
Katherine Gautier, La merveilleuse Aventure, Collection Pâquerette, n° 18, les éditions de Lutèce, 1953, p. 3.
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