Après les excellents Incendies et Prisoners, Denis Villeneuve nous revient, plus envoutant que jamais, avec Enemy, variation sur le thème du double et du voyeurisme. Avec classe.
L'histoire est connue : un homme sans histoire découvre, par hasard, son sosie et commence à s'interroger, de manière de plus en plus malsaine, sur la vie de celui-ci. Villeneuve n'invente rien : Alfred Hitchcock, Brian De Palma, David Lynch ou David Fincher sont passés par là. La différence, c'est plutôt que d'essayer de concurrencer ces grands noms, Villeneuve se positionne en élève appliqué et doué de son identité propre. Certes, Villeneuve lorgne souvent du côté des David (Lynch pour le côté labyrinthique, Fincher pour l'esthétique), auquel on aurait envie d'ajouter le troisième, Cronenberg, pour son art de jouer avec les émotions et les repères du spectateur ; Villeneuve arrive néanmoins à imposer ses propres thèmes, ses propres angoisses en filigrane, à savoir l'incapacité à communiquer, l'affrontement psychologique entre deux hommes, l'art de poser des questions plutôt qu'y répondre.
Ceux qui aiment le cinéma de Villeneuve savent combien il peut être à la fois captivant et irritant, poil-à-gratter narratif qui nous trouble et ne nous laisse jamais indifférent, de la première image au générique de fin. Ceux qui ne connaissent pas le cinéaste, à l'inverse, sont cordialement invités à découvrir son film le plus accessible, le plus universel et, osons le dire, le plus abouti, avec un Jake Gyllenhaal qui trouve là son meilleur rôle depuis bien longtemps.
Le film est diffusé aux cinémas Grignoux jusqu'au 7 octobre. Plus d'infos : http://www.grignoux.be/films/3601
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