Centre d'étude et de documentation

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Centre de recherche, de formation, de conservation et de documentation de la Communauté française


lundi 9 mai 2016

Eternel vertige : nous sommes ruinés !



1. 

- Juliane, déclara sur un ton doctoral M. Léon Farguès après que sa fille eut refermé la porte du salon où il l'attendait... Tu as dix-huit ans depuis ce matin. En d'autres termes tu es, maintenant, ce que l'on est convenu d'appeler une jeune fille. Finis les jeux puérils qui hier encore charmaient tes loisirs. Te voilà parvenue à l'âge où l'on remise ses poupées au grenier, pour songer sérieusement à l'avenir... Je veux dire : au mariage.
- Mais, protesta Juliane en levant sur son père un regard désapprobateur... Je suis beaucoup trop jeune que pour déjà songer au mariage, voyons !
- Tu es surtout très jolie ! Préfères-tu attendre que ta beauté, ta jeunesse soient flétries ? bougonna M. Farguès.
- Non, bien sûr!... Mais enfin... Dix-huit ans n'est pas un âge canonique ! Et je ne suis pas encore près de coiffer Sainte-Catherine !
- Tu raisonnes comme une enfant ! D'ailleurs, j'ai de sérieux motifs pour te parler comme je le fais en ce moment.
La jeune fille dévisagea, pour la seconde fois, son père avec surprise.
- De sérieux motifs, répéta-t-elle... Que veux tu dire ?
- Ceci : Il faut... Il est indispensable que tu te maries sans tarder, tu entends ?
- Je ne comprends pas, père.
- Nous sommes ruinés! articula Farguès en baissant la voix.
- Ruinés! balbutia Juliane dont le regard errait à travers la pièce luxueuse avec une expression incrédule.
- Oui, mon enfant... Ruinés ! ...

Paul Darlix, Eternel Vertige, Le Roman, Collection "Nos secrets", n°347, Bruxelles, 1951, p. 1. 

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